JF Pelley

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Plusieurs se questionnent sur la mort du email, autant se disent qu'il est destiné à mourir, 20 ans après sa naissance. On dit que le email est à la prose ce que la messagerie instantanée est à la conversation. Peut-être, même sûrement.

D'un côté, on dit aussi que le taux de lecture des emails est en baisse drastique, que le SPAM augmente et qu'on délaisse même les logiciels de courrier électronique traditionnels (Hotmail, Windows Mail, Outlook, Outlook Express, etc.). Pour un société où les flux de communication sont si rapides, il est trop compliqué d'aller chercher ses contacts dans un répertoire, se demander si cette/ces adresses/s sont toujours valides et en plus, de s'interroger quant le titre à donner à notre communication. Et en plus, on nous demande d'utiliser des formes de politesse et des standards dans la forme.

De l'autre côté, le contenu des communications électroniques ont changé. On écrit maintenant en pièces détachées, comme si on n'était plus obligés à structurer sa pensée. On lance une phrase, du genre "Ça va?", on entend la réponse et on verra où nous mène la conversation. On se rapproche davantage d'une vraie conversation orale normale, transposée grâce à des moyens électroniques. La richesse de la technologie nous a permis de se rapprocher, par l'écrit, la voix ou l'image, où que l'on soit sur la planète. De Baie-Comeau à Taipei, de Naples à Cape Town, de Rabat à Anchorage.

La question centrale demeure : quelles communications doivent être archivées et conservées électroniquement ? Deux adolescents qui planifient une soirée au cinéma sur Messenger, une secrétaire qui informe son patron que le client sera en retard de 10 minutes via BlackBerry, des jeunes qui discutent de tout et de rien sur Facebook émettent tous des messages qui ne méritent pas d'être archivés.

Aussi, plusieurs prévoient que les lettres postales, en papier, disparaîtront. En effet, quand avez-vous reçu, la dernière fois, une lettre personnelle sur du vrai papier, dans une vraie enveloppe ? À quand remonte votre dernière carte postale ? Quand on regarde le contenu de notre boîte aux lettres, on constate que les lettres qui demeurent sont des relevés bancaires, des factures, des comptes à payer et des pamphlets publicitaires (les ancêtres du SPAM). Les communications qui se doivent d'être personnalisées (et ayant un contenu différent selon à qui l'on écrit) ainsi que les communications qui se doivent d'être archivées et conservées demeureront. Les banques enverront toujours des états de comptes officiels (car souvent, la loi les obligent à le faire), un avocat continuera d'envoyer des mises en demeure, le gouvernement continuera d'envoyer des avis personnalisés sur l'impôt, sur les taxes, etc. On délaissera de plus en plus, pour ses types de communications, la voie postale ou le huissier, et on privilégiera un moyen sûr, efficace, sécurisé, rapide, et surtout, archivable et conservable.

Toute cette réflexion nous amène à croire que :

1) les SMS et autres messageries électroniques seront toujours populaires et elles le seront de plus en plus (les jeunes de la génération Y sont nés dans cette forme de communiquer et cela se rapproche de la conversation naturelle) ;

2) les communications formelles (ou les communications électroniques formelles) diminueront en nombre mais demeureront car il existera toujours la nécessité de s'adresser à UNE personne, avec un message important et personnalisé, avec le besoin de l'archiver. Les logiciels de communication évolueront sûrement. On informera peut-être via SMS que vous venez de recevoir un courrier personnalisé, important, souvent confidentiel, dans un un autre logiciel qui vous permettra d'en prendre connaissance de façon sécuritaire, d'en lire tout le contenu (souvent plus long qu'un message instantané). Les logiciels comme Outlook prendront donc un nouveau visage ;

3) les emails formels seront réservés à des institutions financières, des compagnies établies (comme les compagnies de téléphone ou de gaz), à des gouvernements, des représentants de la loi, etc. Ils auront accès à un moyen sécuritaire de communiquer avec vous et pourront s'assurer que le message s'est rendu intégralement à destination et idéalement, que vous en avez pris connaissance (un peu comme font les logiciels actuels). Vous pourrez archiver ces messages, les classer, les prioriser, les détruire. Les logiciels comme Outlook, Netscape Mail ou Hotmail devront s'adapter en conséquence ;

4) il sera de plus en plus difficile pour les SPAMMERS d'entrer sur cette messagerie réservée. L'encryption et les codes d'authentification de la source et de la destination seront rigides, quiconque ne pourra pas vous envoyer un message via ce moyen sans raison valable. Comme ces communications seront plus rares et auront un caractère plus officiel, elles seront davantage lues ;

5) les communications entre amis et connaissances se feront par messagerie instantanée, non-archivables, mais pouvant être remises en différé (car on vivra toujours dans des fuseaux horaires différents ou tout simplement non disponibles en même temps). Les outils nous reliant ensemble évolueront et domineront notre vie (assistants électroniques, BlackBerry, téléphones SMS, IPhone, bracelets SMS, etc. auront toujours la cote) ;

6) la dépendance à la messagerie instantanée sera forte. Les gens "non reliés" se sentiront de plus en plus exclus de la société, vivront en marge. Des cures de désintoxication électronique, déjà en plein essor, seront moins populaires, car on apprendra à vivre et à communiquer en réseau, que ce soit par SMS, MSN, téléphone, etc.

Comme à l'habitude, vos commentaires sont bienvenus.

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